L’année 1266 marque un tournant dans l’histoire de l’Italie du XIIIe siècle, une période tumultueuse marquée par les luttes pour le pouvoir, les rivalités territoriales et les tensions religieuses. C’est cette année-là que la célèbre Bataille de Benevento eut lieu, opposant l’Empire byzantin aux forces du Royaume de Naples. Cet affrontement sanglant, loin d’être une simple escarmouche locale, a eu des conséquences profondes sur le paysage politique et social de la péninsule italienne.
Pour comprendre les causes de cette bataille décisive, il faut remonter quelques années plus tôt. En 1256, Manfred, fils illégitime de Frédéric II, empereur du Saint-Empire romain germanique, s’empara du trône du Royaume de Sicile. Sa domination suscita la colère de l’Église, qui voyait en lui un usurpateur et une menace pour le pouvoir papal.
En 1263, le pape Urbain IV lança une croisade contre Manfred, soutenant Charles d’Anjou, comte de Provence. Ce dernier, promis à la main de Béatrice, fille de Manfred, aspirait à s’emparer du royaume sicilien. L’intervention byzantine dans ce conflit fut initiée par Michel VIII Paléologue, empereur byzantin, qui voyait en Manfred un allié potentiel contre les ambitions expansionnistes des Latins en Méditerranée orientale.
L’alliance entre Manfred et l’Empire Byzantin était motivée par des intérêts stratégiques partagés. Manfred souhaitait obtenir le soutien militaire byzantin pour consolider son pouvoir en Italie du Sud, tandis que Michel VIII Paléologue voyait en cette alliance une opportunité de reprendre pied en Italie après la chute de Constantinople en 1204 lors de la Quatrième Croisade.
La bataille de Benevento eut lieu le 26 février 1266 près de la ville du même nom, dans les Pouilles. Les forces byzantines sous le commandement de Guillaume de Villehardouin, seigneur de Messénie, s’affrontèrent aux troupes de Charles d’Anjou dirigées par le comte Hugues de Brienne.
La bataille fut acharnée et marquée par une grande brutalité. La cavalerie lourde byzantine, composée en partie de mercenaires allemands et hongrois, mena une charge impitoyable contre les lignes françaises. Cependant, la discipline et l’organisation des troupes françaises, soutenues par la puissance de feu de leurs archers anglais, permirent à Charles d’Anjou de remporter une victoire décisive.
Manfred fut tué lors de la bataille, mettant fin à sa domination sur le Royaume de Sicile.
La Bataille de Benevento eut des conséquences majeures sur l’histoire de l’Italie :
- Affirmation de la puissance angevine: La victoire de Charles d’Anjou permit aux Angevins de s’installer durablement en Italie du Sud, fondant ainsi le Royaume de Naples. Cette dynastie régna sur le sud de l’Italie pendant plus d’un siècle, laissant une empreinte profonde sur la culture et l’architecture de la région.
- Déclin de l’Empire Byzantin: La défaite à Benevento marqua un coup dur pour l’Empire byzantin, affaiblissant sa présence en Occident.
L’Empire Byzantin ne retrouva jamais son influence d’antan en Italie.
Le conflit entre Manfred et Charles d’Anjou illustrait la complexité des relations politiques dans l’Italie du XIIIe siècle. Il mettait en évidence les luttes de pouvoir entre papes, empereurs et rois, ainsi que les tensions persistantes entre le Nord et le Sud de l’Italie.
La bataille de Benevento fut un événement marquant qui contribua à façonner le paysage politique de la péninsule italienne pendant des siècles. Elle témoigne également de l’importance de l’Empire Byzantin dans les affaires européennes, même après la chute de Constantinople en 1204.
Pour mieux comprendre la complexité de ce conflit, voici un tableau récapitulatif :
Force | Leader | Objectifs |
---|---|---|
Manfred et Empire Byzantin | Manfred, Guillaume de Villehardouin | Maintenir le contrôle du Royaume de Sicile, étendre l’influence byzantine en Italie |
Charles d’Anjou (Angevin) | Hugues de Brienne | S’emparer du Royaume de Sicile, renforcer l’influence française en Italie |
La bataille de Benevento demeure un sujet fascinant pour les historiens, car elle éclaire la complexité du jeu politique européen au XIIIe siècle. L’événement nous rappelle également que même les batailles oubliées peuvent avoir des conséquences profondes sur le cours de l’histoire.