Le VIe siècle marque une période tumultueuse pour l’Église romaine. Divisée par des débats théologiques et tiraillée entre ambitions politiques, elle cherche à se définir face aux nouveaux défis qui la menacent. C’est dans ce contexte complexe que le Concile de Rome de 502 prend place, un événement fondamental dans la lutte contre les erreurs doctrinales promues par l’empereur d’Orient, Anastase I, et dans l’affirmation du rôle prééminent du pape sur la chrétienté.
Le cœur de la querelle, connue sous le nom de Querelle Acacienne, concernait la nature divine du Christ. Anastase I, influencé par les théologiens orientaux, soutenait une formule qui séparait la divinité du Christ en deux personnes distinctes : celle du Fils et celle du Père. Cette position était contraire à l’enseignement traditionnel de l’Église romaine, qui affirmait la pleine divinité du Christ dans une seule personne.
Le pape Symmaque, confronté à cette hérésie, convoqua le Concile de Rome en 502. Il rassembla des évêques et des théologiens de toute l’Italie, ainsi que des représentants de l’Église d’Afrique du Nord. Le concile condamna fermement la doctrine monophysite d’Anastase I, réaffirmant la doctrine de Chalcédoine (451) qui proclamait la pleine divinité et l’entière humanité du Christ dans une seule personne.
La condamnation du Concile de Rome de 502 eut des conséquences profondes pour l’Église romaine et l’Empire d’Orient:
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Renforcement du Pouvoir Papal: Le Concile confirma le rôle prééminent du pape comme chef spirituel de la chrétienté. Symmaque, en prenant une position claire contre Anastase I, a démontré l’indépendance de l’Église romaine face aux pouvoirs impériaux.
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Exacerbation des Tensions entre Rome et Constantinople: La décision du Concile de Rome n’a pas été acceptée par l’empereur d’Orient. Anastase I menaça même Symmaque de déposition, ce qui provoqua une rupture diplomatique entre les deux empires.
Les principales décisions du Concile | |
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Condamnation de la doctrine monophysite | |
Réaffirmation de la doctrine de Chalcédoine | |
Confirmation du rôle prééminent du pape comme chef spirituel de l’Église |
L’impact politique du Concile fut également significatif. La rupture avec l’Empire d’Orient ouvrit la voie à des rivalités durables entre les deux branches de la chrétienté, qui se approfondiront au cours des siècles suivants.
La querelle Acacienne ne se résoudra qu’en 519, avec le pape Hormisdas. Cependant, le Concile de Rome de 502 reste un événement majeur dans l’histoire de l’Église catholique. Il marque une étape importante dans la définition du dogme christologique et affirme le rôle central du pape dans la gouvernance spirituelle de la chrétienté.
De plus, ce concile illustre les complexités politiques et religieuses qui animaient le monde chrétien au VIe siècle. La lutte contre l’hérésie monophysite n’était pas seulement une question théologique, mais aussi un combat pour le pouvoir et l’influence entre Rome et Constantinople.